Les étudiants en droit savent qu’il est difficile, voire impossible de rédiger un texte scientifique sans consulter de livres. Si certaines références sont souvent citées, d’autres, comme les travaux universitaires, ne le sont que rarement, faute d’être publiés ou rendus accessibles. Mais, désormais, cela va changer grâce à UpLaw, première plateforme en Suisse de publications en libre accès pour les travaux des juristes. «L’idée est de centraliser des informations qui ont potentiellement beaucoup de valeur pour les utilisateurs et peut-être peu pour les éditeurs», explique Gabriel Jaccard, fondateur de la plateforme lancée en septembre dernier avec Alexandre Lombard.
Elle recense bientôt près de cent contributions, mais le potentiel est bien plus grand. Un jour, alors qu’ils s’ennuyaient en cours, les deux juristes ont calculé qu’il existait au moins 16 000 travaux en Suisse par année qui ne sont pas, ou peu, mis en valeur. Alors, par leurs propres moyens, ils ont lancé UpLaw. Aujourd’hui, le site vit essentiellement des dons faits par des associations estudiantines.
«Nous voulons permettre aux jeunes juristes de développer leur «e-réputation», explique Gabriel Jaccard. Pour ce faire, il suffit à l’auteur de s’enregistrer sur le site et de charger le document à partager avec ses données. Durée de la procédure: cinq minutes, selon le site. Mais le travail doit encore subir une vérification formelle avant qu’il ne soit publié sur internet.
Et les avantages de ce libre accès sont multiples: publication gratuite, gestion du contenu en tout temps, possibilité de contacter les auteurs et conservation des droits d’auteur, contrairement aux pratiques de la plupart des éditeurs. Chaque auteur se voit créer, dès son inscription, une page avec un URL personnalisé qui peut être ajouté sur le CV. «Je sais que ce lien est apprécié par les internautes, car il permet d’accéder, en trois clics, à toutes les publications», commente-t-il.
Autre coup de pouce pour les jeunes juristes, les honneurs mis noir sur blanc. Dès cette année, UpLaw va lancer une revue annuelle des étudiants, sponsorisée par une étude d’avocats réputée et peut-être, en alliance avec un éditeur connu, dont les noms n’ont pas été dévoilés. Elle présentera, sous forme d’articles scientifiques, les meilleurs travaux de chaque université.
Relecture et coaching
En plus des newsletters et des flux RSS, le site met également en relation des internautes avec des correcteurs. UpLaw, contrairement à d’autres, impose un devis personnalisé et un prix maximum (30fr.-100 fr.) sur lequel il prélève 10%. Un tarif plus élevé que les petites annonces, mais qui propose une révision de la forme et du fond dans quatre langues. Car les correcteurs proviennent tous du milieu juridique. «Le but est d’améliorer la qualité des contenus en permettant aux étudiants de corriger les coquilles restantes avant la publication de leur travail déjà noté», précise Gabriel Jaccard.
Pourtant, une fois en ligne, le texte n’est pas figé. Selon le juriste, le fait que les auteurs puissent être contactés directement permet aux lecteurs de leur soumettre des remarques. Et ainsi, de faire évoluer leurs travaux et de créer des communautés.
Pour permettre à la doctrine d’avancer et, surtout, d’éviter les recherches similaires parallèles, les fondateurs développent un autre outil: MyPhD.ch. Il s’agit d’un registre qui liste les sujets de thèse en Suisse, toutes branches confondues. Il permettra aussi de créer des communautés pour s’entraider et coopérer. Ce qui manquait jusqu’ici: «Avec ces deux initiatives, nous voulons partager un savoir qui se communique mal en Suisse et concevoir un outil pour la recherche juridique», conclut Gabriel Jaccard.