Retourner aux valeurs sûres
Sommaire
Plaidoyer 05/2014
17.09.2014
Dernière mise à jour:
24.09.2014
Suzanne Pasquier
Les conseils pour sécuriser les communications se sont multipliés depuis les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance à outrance de la NSA. On sait, généralement, qu’utiliser les services internet d’une société basée aux Etats-Unis compromet la confidentialité des données ainsi transmises. Que ce soit par un système de «Cloud», une messagerie électronique, un...
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Les conseils pour sécuriser les communications se sont multipliés depuis les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance à outrance de la NSA. On sait, généralement, qu’utiliser les services internet d’une société basée aux Etats-Unis compromet la confidentialité des données ainsi transmises. Que ce soit par un système de «Cloud», une messagerie électronique, un réseau social ou un simple moteur de recherche. On peut donc adapter son comportement en conséquence et, si on doit stocker des données confidentielles, en particulier celles de clients, se référer aux conseils des spécialistes. Qui expliquent par exemple comment crypter ses e-mails, crypter des fichiers dans le «Cloud», ou encore surfer anonymement, sans laisser «traîner» partout son adresse IP.
Mais voilà, on lit aussi de plus en plus souvent que rien ne résiste à la NSA, qui pourrait déjouer les systèmes de cryptage sans trop de difficultés… Et, du coup, fleurissent des idées faisant référence aux valeurs sûres: par exemple, conserver des données dans des anciens bunkers de l’armée (plaidoyer 6/2013), et, plus récemment, ressortir sa vieille machine à écrire! Eh oui, votre vieille Hermès ou Remington avec ruban encreur et barres à caractères pourrait revenir au goût du jour. La proposition émane du rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur l’activité de la NSA à Berlin, Patrick Sensburg. Une bonne lettre dactylographiée remise de la main à la main ou par courrier postal vaut mieux qu’un e-mail.
A sa décharge, Patrick Sensburg était encore tout secoué par l’affaire qui a agité Berlin cet été, à savoir l’arrestation d’un agent double allemand au service des Etats-Unis, ayant notamment remis à ce pays des informations sur ladite Commission d’enquête. Une interpellation qui a été suivie de l’expulsion du chef des services secrets américains pour l’Allemagne. On ne plaisante pas sur ces questions dans un pays encore marqué par les agissements de la Stasi, la police politique de l’ex-RDA.
Les agences de presse rapportent encore que les séances de cette commission se déroulent en l’absence de téléphones portables, considérés comme des engins d’espionnage qu’il convient de laisser à l’extérieur de la salle. Les crépitements des Remington ont donc remplacé les bip-bip des portables… A moins que les enquêteurs allemands ne s’inspirent des réflexions du FSO russe (issu du KGB), qui serait intéressé à acquérir des machines à écrire Triumph Adler, afin de produire des signatures uniques permettant d’authentifier la source d’un document.
Dans l’immédiat, le retour aux valeurs sûres pose tout de même un problème pratique: les machines à écrire tant convoitées ne sont plus fabriquées. Mais qu’à cela ne tienne: des occasions en parfait état de marche sont disponibles pour une centaine d’euros la pièce… sur internet.