Johann Heinrich Waser, né à Zurich en 1742 et condamné au même endroit en 1780, était pasteur de la chapelle-filiale de Sainte-Croix relevant de la paroisse du Grossmünster qui réunissait les communes de Hottingen, Hirslander et Riesbach. Eclaireur et statisticien éclairé, il était aussi vu comme un oiseau de malheur, ce qui l’amena à l’échafaud pour avoir transmis des statistiques soi-disant secrètes au Professeur publiciste allemand Schölzer. Pour le jugement, les autorités se procurèrent des preuves par le biais d’enquêtes internes et par la torture.
Les autorités semblent être, aujourd’hui encore, spécialisées dans les réactions excessives face aux soi-disant violations de secret de fonction. Elles l’ont par ailleurs démontré en 2012, soit deux cents ans plus tard, en ordonnant une enquête interne illicite, impliquant la collecte des données téléphoniques et informatiques de tous les membres de l’Université de Zurich. Les autorités souhaitaient ainsi retrouver la personne ayant transmis des documents soi-disant confidentiels sur une situation inadmissible au Musée d’histoire médicale. Par la suite, une historienne de la médecine, qui ne fut certes pas matériellement décapitée, fut licenciée sans preuve. L’administration de l’Université de Zurich parvint tout de même à réaliser une décapitation économique et scientifique avec le licenciement de l’intègre Professeure Iris Ritzmann.
Il fut faussement reproché à l’historienne de la médecine une violation du devoir de fonction en raison d’un rapport académique et d’une expertise qui auraient tous deux été accessibles ou auraient dû être mis à disposition du public selon le principe de transparence. Ritzmann fut ensuite acquittée par le Tribunal pénal.
Dans un arrêt du 7 février 2019, le Tribunal administratif de Zurich a conclu que le licenciement était nul. Ce jugement aurait eu pour conséquence la rétribution, avec effet rétroactif, de Ritzmann dès son licenciement et sa réincorporation. Un jugement exemplaire qui frayait le chemin vers une protection du licenciement s’imposant depuis longtemps. Le Tribunal fédéral retourna malheureusement vers «la jurisprudence
Johann Heinrich Wasser» en révoquant le jugement précédent: il conclut ainsi que le licenciement était principalement valable bien qu’abusif (8C_7/2020 du 3.11.2020). La Haute Cour précise, dans ses considérants, qu’il ne peut pas être reproché à l’Université d’avoir conclu à la culpabilité de son employée dans des conditions aussi fâcheuses, Ritzmann ayant attiré l’attention dans le recueil d’histoire de la médecine. Selon les juges fédéraux, cette mauvaise supposition concernant le droit d’auteur était excusable dans le contexte de l’époque. De ce fait, le licenciement était seulement arbitraire. II en découle que le licenciement ne peut pas avoir de conséquences rétroactives. En conclusion, Ritzmann n’aura droit qu’à une compensation résultant d’une résiliation abusive.
L’Université était représentée par le Prorecteur Christian Schwarzenegger tout au long de la procédure. Schwarzenegger relève brièvement dans le Tages-Anzeiger: «Le Gouvernement chinois tente de garder un œil sur ses académiciens.» Pour cette raison, les Universités occidentales doivent trouver des espaces sûrs pour les étudiants chinois. Qu’en serait-il si le prorecteur s’employait à mettre en place des espaces sûrs pour les professeurs de l’Université de Zurich? La réintégration d’Iris Ritzmann serait déjà un premier pas.