En 1983, les Juristes Démocrates de Suisse (JDS), l’association Plädoyer et René Schuhmacher s’unissent pour publier la première édition de la revue plädoyer/plaidoyer.
Plaidoyer est le fruit d’une collaboration intense et du partage de valeurs communes, puisque l’éditeur et directeur de Konsumenteninfo est membre des JDS depuis la fondation de l’association, en 1978.
Ses inspirations ressortent des thématiques abordées dans la revue. Le développement d’un droit compatible avec l’évolution sociétale, la protection des droits humains ou la garantie de l’accès au droit restent des thématiques chères à la rédaction.
Une revue bilingue
À la fin des années nonante, la rubrique romande occupe une quinzaine de pages de la revue plädoyer. Ce cahier traite de sujets d’actualité, et ses rubriques annoncent déjà la ligne de la future revue indépendante en français: un billet d’humeur, des contributions scientifiques, des pages dédiées à la jurisprudence et des recensions sur des ouvrages juridiques.
Plusieurs journalistes se succèdent aux manettes de cette rubrique, dont Alexandra Rihs, qui occupera le poste de responsable de la rédaction romande pendant plus de dix ans.
Début 2010, le Comité de rédaction romand de plaidoyer adresse ses adieux dans un ultime éditorial intitulé «Plaidoyer est mort, vive Plaidoyer». Un titre qui fait écho à l’annonce de l’introduction de pages en français dans l’édition 3/87.
Lancement de la revue romande
Le 26 avril 2010 marque la fin de la revue bilingue et la création de deux revues indépendantes, l’une en allemand, l’autre en français, dont l’édition est assurée par René Schuhmacher. Les rédactions alémanique et romande s’étoffent. La responsabilité rédactionnelle est dorénavant assurée par la journaliste et juriste Sylvie Fischer. Suzanne Pasquier Rossier rejoint la rédaction romande à l’été 2010. Les deux expertes du droit et du journalisme tiendront les colonnes de l’édition en langue française pendant sept ans. En 2021, je reprends le flambeau après un intérim assuré par Sou’al Hemma.
Touche romande
La nouvelle édition fut une véritable petite révolution dans le paysage des revues juridiques suisses. Si les revues bilingues ne font pas exception, les revues juridiques exclusivement rédigées en français sont pour leur part extrêmement rares. D’autant plus que plaidoyer se caractérise par son originalité grâce à son orientation politico-juridique.
La revue en langue française a rapidement acquis une personnalité propre et assuré un éclairage sur des problématiques touchant particulièrement les cantons romands. Tel fut le cas du dossier paru dans la première édition de plaidoyer sur l’absence d’une instance indépendante responsable du traitement des plaintes contre la police dans les cantons de Vaud, du Jura, du Valais et de Fribourg (plaidoyer 2/10, p. 18 ss.). Un sujet d’une actualité toujours aussi brûlante après des affaires de violences policières qui ont attiré l’attention de l’opinion publique dans le canton de Vaud (plaidoyer 6/24, p. 18 ss.).
Plaidoyer fut également une opportunité offerte aux avocats, juristes et politiciens romands de s’exprimer sur les derniers développements juridiques. Nous nous rappellerons notamment le débat entre Sandrine Osojnak et Anne Reiser sur la mise en place d’un tribunal des familles. Les deux participantes ont ainsi pu échanger leurs points de vue sur des pratiques en cours dans les cantons de Genève et de Vaud. L’échange entre Cesla Amarelle et Mauro Poggia fut aussi très enrichissant, les deux intéressés exposant leurs connaissances du terrain à Genève et au Centre fédéral d’asile de Boudry.
Une belle collaboration
Cette revue s’est développée grâce à une collaboration fructueuse avec les collègues de son pendant alémanique, des nombreuses rencontres et des échanges avec les nombreuses contributrices et contributeurs.
Plaidoyer a réussi à laisser son empreinte dans le secteur juridique grâce à son approche pragmatique, qu’il s’agisse d’informer le lectorat des dernières nouveautés législatives ou de la jurisprudence. Mais la revue ne saurait être limitée à un simple compte-rendu de l’actualité juridique à l’adresse de juristes pressés. Cette revue demeure le résultat du travail de juristes et de journalistes passionnés.
Des sujets sensibles
Il est difficile de choisir des sujets particulièrement représentatifs de la revue, puisqu’ils furent nombreux. Ces trois dernières années, les adaptations juridiques nécessaires aux évolutions structurelles des familles, la révision du droit pénal en matière sexuelle, le durcissement de la politique migratoire, la révision du code de procédure civile, le démantèlement progressif du projet d’action collective ou la tendance sécuritaire figurent parmi les sujets repris à plusieurs occasions dans la revue. Sans omettre les indispensables éclairages jurisprudentiels.