Journaliste et historien de formation, Henri Roth use de ses qualités d’enquêteur pour retracer l’histoire de la Commission de contrôle des films qui fut active à Genève de 1934 à 1980. Exploitant un fonds d’archives inédit comprenant pas moins de 15 000 dossiers de films, il rappelle que cette censure fut d’abord politique, interdisant les longs métrages russes, puis veillant à ne pas froisser la Chine, l’Allemagne nazie ou le Brésil. Le cinéma d’auteur de Rosselini, Vadim ou Polanski fut, lui, bridé par les attaques des Eglises.  Enfin, le nudisme, puis la pornographie seront combattus sans relâche, obligeant les Genevois à se ruer en France voisine pour voir Emmanuelle en 1974. Il faudra un arrêt du Tribunal administratif genevois du 16 janvier 1980 pour se rendre compte que cette censure cinématographique ne reposait sur aucune base légale valable, c’est-à-dire sur une loi formelle et non une ordonnance du Conseil d’Etat rendue pour protéger l’ordre public.

L’avis de plaidoyer: un important travail documentaire qui se lit comme un roman, non dépourvu d’humour.

Censuré! 
H. Roth
Genève, Slatkine, 2016,
247 pages, 35 fr.