Ils peuvent être gratuits ou payants. Ouverts à tous ou réservés aux détenteurs d’un diplôme universitaire. Dotés de crédits ECTS ou non. Quels qu’ils soient, les cours distribués par voie numérique sont toujours plus nombreux à venir compléter l’enseignement face à face. Les Facultés de droit et de sciences criminelles de Genève et Lausanne sont pionnières dans le milieu juridique. Chacune à sa manière. Alors que Genève fait ses premiers pas dans le fameux monde des MOOCs (Massive Open Online Courses), les trois cours en ligne proposés par Lausanne fêtent leurs quatre ans.
Droits de l’homme
Défense des minorités, lutte contre les discriminations, protection de l’environnement, interdiction de la torture. Si elles sont différentes, ces causes touchent toutes au même domaine: les droits de l’homme. Une branche qui peut dorénavant être suivie en ligne grâce au nouveau MOOC «Introduction aux droits de l’homme», proposé par la Faculté de droit de Genève depuis le 31 mars dernier. Les inscriptions restent toutefois ouvertes au-delà de cette date. Ce cours, conçu et dispensé en français par les professeurs Maya Hertig Randall et Michel Hottelier, s’étale sur huit semaines. Il a été mis en place sur la plateforme Coursera et est doté des ingrédients propres aux cours en ligne ouverts et massifs: vidéos courtes, conférences, interviews, tests, quiz, exercices et examens corrigés par des pairs.
«Chaque semaine, une nouvelle leçon est publiée, précise Pablo Achard, collaborateur scientifique en charge du développement des MOOCs de l’Université de Genève. Cela permet aux participants d’avancer à un rythme plus ou moins similaire, tout en laissant chacun étudier quand cela lui convient.» Un système souple, très accessible et gratuit qui séduit des publics différents. «Il y a ceux qui viennent picorer, ceux qui ne consultent qu’une partie et ceux qui suivent les cours de A à Z.» Ces derniers se voient alors décerner un certificat qui, pour l’heure, n’est doté d’aucun crédit ECTS. Bien qu’ils ne soient pas clôturés par un examen sur table, ces cours restent un moyen idéal de se former à distance. Une manière de gagner en compétences. Et, peut-être même, un atout pour se faire repérer par ses futurs employeurs. «Il est encore trop tôt pour savoir quelle est la valeur des MOOCs sur le marché du travail», nuance cependant Pablo Achard.
A l’inverse de son aîné, le MOOC «Rédaction de contrats» fera, lui, l’objet d’un examen sur table. Et donnera droit à des crédits ECTS. Il est actuellement en cours de tournage et devrait être diffusé dès le semestre de printemps 2015. Les contrats commerciaux, leurs conditions matérielles et formelles, les clauses de paiement du prix, de responsabilité, de durée, de résiliation. Le panel est large et s’adresse à deux publics: les étudiants internes à la faculté et le reste du monde. Pour ces derniers, rien de nouveau. Un MOOC ordinaire, prévu sur une durée de sept semaines. Pour les autres en revanche, le cours, réparti sur quatorze semaines, devra être suivi parallèlement aux leçons du professeur Sylvain Marchand. Et s’inscrira dans le système dit de la «classe inversée».
«Au lieu d’apprendre la matière en classe et de faire les exercices à la maison, les étudiants feront l’inverse. L’intérêt est que le temps du professeur soit consacré à ce qu’il y a de plus important, à savoir l’interaction avec ses élèves», complète Pablo Achard. Elaboré en tant que support pédagogique repris dans l’enseignement face à face du professeur Sylvain Marchand, ce cours n’en reste pas moins un MOOC à part entière, ouvert à tous. Une faveur que la Faculté de Lausanne n’octroie pas encore.
Réservés aux professionnels
Statistiques et évaluation des preuves forensiques, analyses bayésiennes, recherche et interprétation d’ADN. Depuis quatre ans, l’Ecole des sciences criminelles de la capitale vaudoise propose trois cours en ligne. «Ce ne sont pas des MOOCs, mais des formations continues», clarifie Alex Biedermann, maître assistant au sein de l’Institut de police scientifique de la Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique de Lausanne. En tant que telles, «ces options ne sont ouvertes qu’aux personnes disposant d’un diplôme universitaire et s’adressent notamment aux juristes, aux avocats et aux autres professionnels qui cherchent à se spécialiser dans des questions propres au domaine de la procédure judiciaire». Chaque volée ne compte alors qu’entre quinze et vingt personnes qui doivent justifier leur intérêt. Démontrer qu’elles disposent des compétences de base nécessaires à la compréhension des branches proposées. Et, avant tout et surtout, délier les cordons de leur bourse.
Alors que le Certificate of Advanced Studies (CAS), prévu sur dix-huit mois et doté de 20 crédits ECTS, coûte 12 000 fr., les formations plus courtes, appelées «Essentials» et donnant droit à cinq crédits ECTS, se montent, elles, à 3500 fr. «Ces frais se justifient, car il s’agit de formations complètes, qui demandent un encadrement et un soutien actif pour chacun des participants.» Elaborés sous la direction des professeurs Christophe Champod et Franco Taroni, ces cours en ligne se composent des mêmes éléments que leurs cadets massifs et ouverts à tous: vidéos, exercices, quiz, conférences, interviews. Mais la ressemblance s’arrête là. «Le MOOC stimule l’intérêt. Celui qui désire aller plus loin optera toutefois pour la formation continue, plus longue, plus personnelle et plus approfondie.» Quel qu’il soit, le choix dépend ainsi de la motivation de chacun. De ses intérêts. Et de ses moyens financiers.
Plus d’informations sur:
https://www.coursera.org/course/droits homme
http://www.formation-continue-unil- epfl.ch/statistics-evaluation-forensic-evidence-cas
http://www.formation-continue-unil-epfl.ch/forensicbn
http://www.formation-continue-unil-epfl.ch/forensicdna