Depuis décembre 2011, si l'on en croit la presse, Me Dominique Warluzel a changé de vie et mène certaines de ses affaires civiles depuis les Bahamas où il s'expatrie durant les brouillardeux hivers genevois, profitant des avantages d'un Etat ne taxant pas les revenus qui y sont réalisés. Basée à Nassau, Bahamas, la société GW & Partners L.P. qu'il dirige avec son amie genevoise de longue date et productrice retraitée de la RTS, Béatrice Barton, «est composée de professionnels du droit et de l'administration de sociétés disposant d'une vaste expérience et d'une expertise particulière en gestion d'entités offshore», dit son site internet1. On connaissait Béatrice Barton dans un registre plus autochtone («Le Mayen 1903»; «Le dîner à la ferme»; «Mon village a du talent»), mais la directrice du marketing et du développement de GW & Partners L.P. «a voyagé dans le monde entier, constituant de la sorte un large réseau de contacts et mettant à profit ses connaissances linguistiques du français, de l'anglais et de l'allemand», nous rassure la même source. Cependant, au moment de contacter la société, les clients potentiels n'auront directement ni Me Warluzel ni Béatrice Barton au bout du fil, seule une collaboratrice de l'étude Bonnant Warluzel & Associés à Genève, Anita Bouvier, bombardée «directrice des opérations» et une administratrice de sociétés, Montgano Hepburn, répondant au Bayside Executive Park, Bldg. N° 1, West Bay Street & Blake Road, P.O. SP-63901, Nassau, Bahamas.
GW & Partners L.P. ne limite d'ailleurs pas ses activités aux Bahamas, mais «offre une large gamme de services d'administration d'entités offshore et, en particulier, la constitution ou l'administration de celles-ci dans plusieurs juridictions dont (...) les Bermudes, Chypre, les îles Vierges Britanniques, les îles Caïman, la Principauté du Liechtenstein, Malte, Panama, les Seychelles et Singapour», les services comprenant également la création de fondations dans ces divers paradis fiscaux ainsi que l'ouverture et le suivi de comptes bancaires par des entités dont elle assure la direction.
Curieusement, Dominique Warluzel, qui reste bien entendu partenaire de l'étude Bonnant Warluzel & Associés à Genève, ne commente jamais l'actualité trépidante de la capitale des Bahamas, engourdie dans un climat tropical parfois pénible à supporter, mais les divers avatars genevois ou suisses, et ce sur toutes les antennes. L'affaire Mark Muller, l'agonie du Servette FC, l'accord Rubik avec l'Angleterre, la fin du secret bancaire, tout auditeur de la RTS ou lecteur de la Julie ne peut échapper à ses commentaires avisés, souvent émis depuis le territoire genevois. «C'est bien simple, commente un réputé fiscaliste genevois, on dirait qu'il est au centre des affaires de la République. Plusieurs confrères me disent que, eux aussi, ils vont faire comme Warluzel et se délocaliser fiscalement aux Bahamas!»
Impossible de savoir ce qu'en pense l'Administration fiscale genevoise: «La loi nous interdit même de commenter le rôle fiscal, c'est-à-dire de confirmer si tel ou tel citoyen (ou personne morale) est ou n'est pas contribuable à Genève. Alors évoquer l'existence ou non d'une enquête!», s'étouffe le secrétaire général adjoint chargé de la communication au Département des finances, Roland Godel.
Heureusement, pour nous rassurer, Dominique Warluzel a la RTS et Darius Rochebin, prêts à le recevoir en tout temps pour parler d'une pièce dont le juriste au beau langage se dit l'auteur («Fratricide»), qui sera créée en Suisse, partira en tournée ensuite dans toute la France, mais dont on ignore encore les dates, heures et lieux de représentation («Pardonnez-moi» du 16 décembre 2012). Ce fut l'occasion pour l'avocat d'annoncer son retour aux Bahamas à partir du 18 décembre 2012 (moment de grande activité commerciale s'il en est) et de produire une photographie attestant de la présence sur place de Béatrice Barton, au soleil avec l'humoriste Laurent Gerra. Ce dernier, selon ses dires, n'entend pas se délocaliser fiscalement, car il lui serait difficile d'exercer son métier de comique français. Toute la subtilité d'un vrai séducteur.