La leçon des banques aux partis
Sommaire
Plaidoyer 3/12
21.05.2012
Dernière mise à jour:
06.10.2013
Suzanne Pasquier
A Elles veulent rendre transparentes les règles d'octroi des dons aux partis politiques. Elles n'entendent pas faire de mystère sur les contributions apportées au système de milice caractérisant la vie politique suisse. Et elles proposent encore d'encourager financièrement les partis en fonction de leur poids au Parlement. On se croirait en période préélectorale, à la fin de l'été 2011, lorsque...
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AbonnementA Elles veulent rendre transparentes les règles d'octroi des dons aux partis politiques. Elles n'entendent pas faire de mystère sur les contributions apportées au système de milice caractérisant la vie politique suisse. Et elles proposent encore d'encourager financièrement les partis en fonction de leur poids au Parlement. On se croirait en période préélectorale, à la fin de l'été 2011, lorsque bon nombre d'élus de droite entonnaient le crédo de la gauche pour rendre plus transparent le financement des formations politiques. On ressent l'air agité de la session de l'automne 2011 au Parlement, lorsque les députés sentaient venir le rapport du Greco (Groupe du Conseil de l'Europe contre la corruption), qui laissait déjà entendre que la Suisse serait mouchée en raison de son retard, au niveau européen, en matière de publication des comptes des partis: seule la Suède fait aussi mal, et encore, elle a tout de même fixé quelques règles.
Mais non: le nouveau credo de la transparence est entonné au printemps 2012, alors que les fédérales sont passées depuis longtemps. Il secoue la classe politique, alors que le Parlement a enterré depuis plusieurs mois une motion du PDC proposant la publication des dons alimentant les campagnes de votation. En fait, celles qui veulent faire toute la lumière sur la manne qui profite aux grandes formations de ce pays, ce sont les grandes banques. Sans doute pour redorer leur blason à une époque où leurs propres cachotteries mettent le pays dans une fâcheuse situation. Mais, en attendant, l'annonce a fait mouche. Elle a pris de court les partis de droite qui n'avaient pas ménagé leurs efforts pour démontrer que, justement dans un système de milice, un financement transparent n'est pas une bonne chose, car il risque de décourager le secteur privé de soutenir un candidat à une élection ou un objet de votation. Les banques ont également mis mal à l'aise les grands partis de gauche, qui ne savent pas sur quel pied danser: accepter l'argent qu'on leur propose, pour augmenter leurs moyens d'action ou, au contraire le refuser, pour ne pas donner l'impression de se faire acheter?
Et pourtant, les possibilités d'éviter cette situation rocambolesque ne manquaient pas. Il aurait suffit que le législateur remplisse son rôle. Qu'il se conforme aux recommandations du Greco, que la Suisse s'est engagée à respecter en étant partie à la Convention du Conseil de l'Europe contre la corruption. Qu'il ne ferme pas les yeux sur l'article 34 de la Constitution fédérale, qui protège la libre formation de l'opinion des citoyens et sous-entend un devoir de transparence. Et qu'il ne se retranche pas derrière les particularités du système politique suisse. Car fédéralisme ou non, ce n'est pas trop demander que de connaître l'origine et l'ampleur des fonds dont bénéficient les personnes qu'on s'apprête à élire.