Alba a été créée en 2001, d'une part, dans l'idée de constituer un réseau d'avocates et, d'autre part, pour permettre à celles-ci de sortir des domaines d'activité dans lesquelles elles étaient trop souvent cantonnées (droit de la famille, défense des victimes). «Les problèmes rencontrés par les avocates se sont aujourd'hui estompés, au fur et à mesure que le nombre des femmes dans la profession a augmenté, se félicite l'actuelle présidente d'Alba, l'avocate lausannoise Elisabeth Chappuis. Les mandats d'office sont, par exemple, attribués par tournus, depuis l'introduction des nouvelles procédures et les réseaux fonctionnent de mieux en mieux. Néanmoins, une difficulté d'un autre type subsiste, c'est la conciliation entre la vie professionnelle et familiale.»
Alba propose à ses membres des conférences annuelles, mais aussi des échanges informels, où les plus expérimentées transmettent leurs connaissances aux plus jeunes. Une journée de formation ayant pour thème la loi sur l'égalité a connu un franc succès ce printemps, avec un bon relais dans les médias. Les hommes sont les bienvenus à Alba, mais ils ne sont que deux ou trois... «Nous aimerions mettre en lumière que la conciliation entre la profession et la famille n'est pas qu'une affaire de femmes, souligne Elisabeth Chappuis. D'ailleurs, de plus en plus d'avocats travaillent à 80%, osant dire ouvertement qu'ils consacrent un jour par semaine à leurs enfants. Cela était impensable il y a dix ans!»
Reste que ce sont les mères qui, en majorité, réduisent leur temps de travail. Les avocates inscrites au barreau descendent rarement au-dessous d'un taux de 80%, afin de continuer à répondre aux exigences de la profession. Celles qui sont indépendantes ont davantage de liberté pour aménager leurs horaires, mais elles doivent tout de même répondre aux convocations des tribunaux... où les magistrates à temps partiel sont de plus en plus nombreuses (lire plaidoyer 6/2011). Ces dernières, souvent avocates de formation, y bénéficient de conditions plus favorables sur le plan pratique, comme des horaires réguliers et de plus larges possibilités de temps partiel.
Crèche sur mesure
Pour lever un obstacle pratique rencontré par une bonne partie de ses membres, Alba s'est lancée dans un projet de crèche, unissant ses forces à celles d'une avocate lausannoise, Ana Rita Perez, et d'une directrice d'école qui concoctaient, de leur côté, un tel projet. Un sondage a permis d'estimer que plus d'une quarantaine de places par jour seraient nécessaires. La structure devrait être mise sur pied prochainement dans le quartier du Flon à Lausanne, à l'intention des mères, mais aussi des pères avocats travaillant dans cette ville. A la fréquentation sur inscription s'ajouterait un système de halte-garderie, accueillant un enfant pour une durée maximale de trois heures, en cas d'urgence professionnelle de ses parents. Au final, une offre sur mesure pour la profession, difficile à trouver au sein des structures d'accueil existantes.
Barreau très masculin
Les avocates sont-elles prétéritées par le travail à temps partiel? Rien ne permet de l'affirmer, selon Elisabeth Chappuis, qui ne possède pas non plus de données sur d'éventuelles inégalités salariales basées sur le sexe au sein de la corporation. «Il existe probablement des cas de discrimination, comme dans tous les domaines», soupçonne-t-elle. Il n'en reste pas moins que le barreau est le reflet de ce qu'a été la profession jusqu'à la fin des années 1980, c'est-à-dire très masculin... Si des femmes ont fait leur apparition au conseil de l'Ordre, aucune d'elles n'a pour l'instant occupé la place de bâtonnier dans le canton de Vaud. «Et ce n'est pourtant pas faute d'avocates compétentes», souligne la présidente d'Alba.
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Le brevet se féminise
Le nombre de membres féminins de la Fédération suisse des avocats (FSA) n'a cessé d'augmenter, ces dernières années, pour atteindre 25% en 2013 (35% à Neuchâtel, 30% à Genève, 28% dans le canton de Vaud, 24% à Fribourg, 17% en Valais, 15% dans le Jura).
Cette tendance devrait s'accentuer à l'avenir, puisque les femmes sont toujours plus nombreuses à décrocher un brevet d'avocat. Elles ne représentaient encore «que» 38% des nouveaux titulaires de ce diplôme en l'an 2000, pour atteindre la parité dix ans après (54% en 2010 et 2011), indique l'Office fédéral de la statistique. Dans le canton de Vaud, les résultats de 2012 font même état de 26 brevets délivrés à des femmes sur un total de 36, communique l'Ordre des avocats vaudois. Une majorité féminine écrasante qui se confirme lors des deux premières sessions de 2013 (19 brevets sur 28).
La profession de notaire est restée nettement plus masculine, puisque, au niveau suisse, 38% de brevets ont été obtenus par des femmes en 2011 (20% en 2000).
Tant pour les hommes que les femmes, la concurrence devient plus rude, puisque 783 personnes sont devenues avocates en 2011, contre 545 en l'an 2000. Une évolution qui se retrouve à la FSA, qui fait état de 9069 membres en 2013, contre 6863 dix ans auparavant. (spr)